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vendredi, 6 novembre 2009

Natation en piscine



Après le lac il y a dix jours à peine, novembre va me faire reprendre le chemin des piscines. Atmosphère surchauffée, chlore, bruit : le temps d'adaptation est chaque automne difficile !

Petit extrait de Jean-Philippe Toussaint (encore lui) qui s'acclimate lui-aussi à une nouvelle piscine - et pour consoler ceux qui l'aurait bien vu en Prix Goncourt cette année !

Je nageais lentement dans l'eau claire, mes lunettes sur le front, incurvant souplement ma trajectoire de temps à autre pour éviter d'entrer en contact avec quelque jeune nageur par trop imprévisible. Je n'étais pas très à l'aise dans cette piscine presque inconnue où, n'ayant pas mes repères habituels, je ne pouvais me laisser aller à l'étude avec le même abandon que dans ma piscine habituelle. Ici, non seulement je devais faire attention d'éviter en permanence de nombreux autres baigneurs insouciants et brouillons, mais je n'avais pas non plus cette connaissance instinctive des lieux, qui dans ma piscine habituelle, par exemple, me permettait d'un simple regard de tomber infailliblement sur le grand chronomètre mural qui m'indiquait aussitôt mes temps de passage intermédiaires, ou sur l'une des quelconques pendules blanches et noires voisines qui, sans me déconcentrer, sans interférer le moins du monde avec les pensées que j'étais en train d'élaborer, me faisait savoir aussitôt depuis combien de temps j'étais dans l'eau, et, partant, depuis combien de temps je travaillais [sic]. Mais, si les conditions de travail n'étaient pas aussi optimales que dans ma piscine habituelle, je n'en passais pas moins un moment agréable dans l'eau.

La télévision, Ed. de Minuit, p. 199

vendredi, 30 octobre 2009

Goncourt Jour J-3


Trois femmes puissantes contre Des hommes… pourrait être le titre d'un nouveau roman. En fait, c'est plus que cela : le titre de deux romans encore en course pour le Prix Goncourt de lundi prochain. Accompagnent Marie NDiaye et Laurent Mauvignier, Les Heures souterraines (Delphine de Vigan) et La vérité sur Marie de Jean-Philippe Toussaint (son nom lui portera-t-il chance en ce début novembre, car là va ma préférence !)


"Plus tard, en repensant aux heures sombres de cette nuit caniculaire, je me suis rendu compte que nous avions fait l’amour au même moment, Marie et moi, mais pas ensemble. À une certaine heure de cette nuit — c’était les premières chaleurs de l’année, elles étaient survenues brutalement, trois jours de suite à 38o C dans la région parisienne, et la température ne descendant jamais sous les 30o C —, Marie et moi faisions l’amour à Paris dans des appartements distants à vol d’oiseau d’à peine un kilomètre. Nous ne pouvions évidemment pas imaginer en début de soirée, ni plus tard, ni à aucun moment, c’était tout simplement inimaginable, que nous nous verrions cette nuit-là, qu’avant le lever du jour nous serions ensemble, et même que nous nous étreindrions brièvement dans le couloir sombre et bouleversé de notre appartement".

La vérité sur Marie, Jean-Philippe Toussaint, Editions de Minuit, pp. 11-12