jeudi, 27 novembre 2008

Conseil municipal en noir... et blanc



Alors que les esprits s'échauffent envers le Conseil municipal, les photos d'Ariane Arlotti sont projetées/exposées en silence dans divers lieux de la ville*. Croqués, les attitudes de certains élus irritent ou font rire ! Dans le hall du bâtiment du Grütli, mon regard s'est posé, le temps d'une pause ! A découvrir jusqu'au 16 décembre prochain.

*Maison des Arts du Grütli, Piscine des Vernets, HUG, Bibliothèque de la Cité, TPG

mercredi, 26 novembre 2008

Témoignage autour des mots

Rencontre hier soir avec un auteur fasciné par les mots, les langues. Ce qu’ils véhiculent, ce que l’acte d’écrire signifie. Pascal Mercier est un romancier profond, un homme dont la quête nous entraîne dans des récits touffus, où les personnages essaient de comprendre ce qu'ils vivent. Et la compréhension viendra dans l'acte d'écrire : "Celui qui n'écrit pas, ne sait pas ce qu'il n'est pas". Ce sont à peu près les propos tenus hier pour la dernière traduction française de ses romans : L'accordeur de pianos.

L'auteur nous a confié dans le cadre intime d'"un décor" de Tobias Putrih à la Galerie Attitudes que tout petit enfant déjà, devant le tableau noir de sa classe enfantine, il était émerveillé de voir inscrit sur le tableau noir vingt mots différents se côtoyer.



Souvenir qui peut renvoyer au passage ci-dessous, tiré du Train de nuit pour Lisbonne :

"Gregorius ne devait jamais oublier cette scène. C’étaient ses premiers mots portugais dans le monde réel, et ils agissaient. Que des mots puissent provoquer quelque chose, mettre quelqu’un en mouvement ou l’arrêter, le faire rire ou pleurer : enfant, déjà, il avait trouvé cela énigmatique et il n’avait jamais cessé d’en être impressionné. Comment les mots parvenaient-ils à ce résultat ? N’était-ce pas comme de la magie ? En ce moment, le mystère semblait plus grand que jamais car c’étaient des mots dont il n’avait encore aucune idée hier matin. Quand, quelques minutes plus tard, il posa pied sur le quai d’Irún toute peur s’était enfuie, et il marcha d’un pas sûr vers le wagon-lit"*.

* p. 60 de l'édition 10/18

mardi, 25 novembre 2008

Pause-graphisme en rouge et noir



Le Département des affiches de la BGE a convié jeudi dernier Niklaus Troxler, célèbre graphiste lucernois. Nouveau lieu de conférence dans la sombre Salle Ami Lullin. Si le nom du graphiste ne vous dit rien, ses affiches elles vous en connaissez certainement quelques unes, à l'occasion de la campagne pro-Europe, de l'expo 02, de manifestations musicales (il est le créateur du Jazz Festival de Willisau) ou du Cirque national Knie.


Le personnage est sympathique, presque jovial à présenter ses oeuvres. Avec humour aussi quand il dit vouloir agacer les passants dans des textes parfois difficiles à déchiffrer à la première lecture.

Quant aux lignes, l'artiste joue sur des effets de superpositions, de positif-négatif, de miroirs et de découpages....

Quelques exemples récents de ces deux dernières années :


Saison de jazz 08-09 à Willisau

Hommage à Frida Kahlo Diego Rivera (2008)

Les 50 ans du caractère typographique Helvetica, pas au goût de l'artiste ! (2007)




lundi, 24 novembre 2008

Vallée de la Jeunesse

Hier après-midi à la Croix-d'Ouchy, réminiscence d'une balade. Il faisait chaud, presque trop chaud comme lors des premiers jours de printemps... - Le beau contraste avec les bourrasques d'hier -. La balade nous avait conduit ce jour-là à la Vallée de la Jeunesse réputée pour ses bosquets de roses, et, pour les enfants lausannois, pour ses toboggans nichés sur la colline ! Rires tendres quand les adultes veulent jouer comme des enfants. Le toboggan n'était plus adapté à notre corps : ouille !




Hier, les souvenirs s'égrènent au fil du spectacle grâce à des récits liés à des objets. Ceux d'Eugène sont répartis en deux catégories : les objets aimés ou ceux qu'il déteste. On y découvre son aversion pour les balades en montagne, mal équipé qu'il est, ne sachant pas ce que sont des "vêtements pas dommages", ou sa découverte merveilleuse au sommet de l'Innovation de la fameuse panthère rose.
Dès les premières minutes, Eugène seul sur scène (mais mis en scène par son pote Christian Denisart - oui, le même que dans Saccharine) nous émeut, nous fait rire dans l'épisode des "tomates". Le petit garçon dont les semaines se composent de mardi, mercredi et samedi à Bucarest, va grandir en Suisse. Découverte à son tour de la Vallée de la Jeunesse, du centre ville en boguet, des Clash... Les épisodes se succèdent et ce n'est pas sans émotion qu'il termine son spectacle par l'évocation de la mort de son père, synonyme d'adieu à sa jeunesse...

Eugène, avec son livre éponyme, vient d'obtenir le Prix Lettres Frontières. C'est une autre possibilité de découvrir cet auteur*... sinon le spectacle se joue jusqu'au 30 novembre prochain!

* Ed. de la Joie de Lire

dimanche, 23 novembre 2008

L'arbre qui défie les saisons



Novembre, Kreglinger Straat
Il semble bon vivre.
L'arbre en fleurs
défie les saisons,
Avril ou novembre
Pétales roses accueillants,
Dans l'attente du printemps.

samedi, 22 novembre 2008

Comme dans un conte

Regardez bien : le reflet nous donne un indice : nous ne sommes ni en Angleterre, ni en Belgique.



Le Petit-Salève, au-delà du lac, se reflète sur la porte d'entrée : nous sommes bien à Genève, au pied d'un Grand Hôtel du quai de la rive droite. Le Cottage* a rouvert ses portes au seuil de l'hiver. La patronne a délaissé la grande terrasse de la rive gauche pour venir se blottir dans le Parc des Alpes : la bonne idée. L'endroit, vitré, laisse une vue sur les montagnes, une fois que le regard a survolé le mausolée Brunschwig.
Ce matin, café et les quotidiens du matin, puis les premiers flocons, en bataille avec le vent, dehors. Comme dans un conte...

* l'endroit est à découvrir par tous les temps, à toute heure de la journée !





lundi, 17 novembre 2008

Vocabulaire entre la terre et l'eau

L'actualité permet parfois de s'arrêter sur le lexique employé dans les communiqués officiels ou la presse. Entre corps médicaux français et SNCF, mardi prochain, "les fonctionnaires de la Ville débrayent"... Oui, mais encore ? Plus doux que la grève, le terme de débrayage va-t-il inciter un grand nombre à se mobiliser ?

Pour que le sujet soit moins terne en début de semaine, je cite Alain Rey, célèbre lexicographe pour illustrer cette rencontre de mots, tirée du livre Les mots de saison !

Plage, au départ, ne dit rien d'autre que "terrain en pente", et grève que "sol caillouteux" ; mais les deux mots ont été comme attirés par le contact entre la terre et l'eau. Alors que la plage s'est arrogé les plaisirs des vacances, du tourisme balnéaire et du surpeuplement recherché, la grève, même sans grévistes, a conservé un aspect rude, qui incite à la contemplation ambulatoire de l'infini océanique plus qu'à la chaise longue. Etrange trajet des mots les plus simplement concrets, qui les oppose et les affronte. [p. 73]

Mardi prochain, je choisirai les aspérités du second terme aux côtés de mes collègues... sans état contemplatif devant le conseil administratif !



mercredi, 12 novembre 2008

On est tous un peu témoins

Théâtre au bord de l'eau
Pluie sur Chapiteau

Parapluies de couleurs
Dehors
Dedans,
Décor transparent
Costumes noir et blanc

Reproches, "petits riens"
Les heures passent avec le vin
Les invités n'ont plus très faim
Oeillades, pas de danse, refrains
On est tous un peu témoins

Vingt représentations plus tard,
Bonifiés dans le soir
On apprécie les comédiens

Théâtre au bord de l'eau
Pluie sur Chapiteau
La Noce part à vau-l'eau...

mardi, 11 novembre 2008

M. P.

Si je vous dis :

Ice cream balnéaire
Eighties Angleterre
Ventre blanc à l'air

Vous me répondrez en fredonnant :

Martin Parr
Nager quelque part.

Je répondrais par un signe de tête affirmatif. Et, je fredonnerais avec vous... les quinze chansons du dernier Delerm !


lundi, 10 novembre 2008

Frissons

Les émotions du week end ont eu pour noms : rosée-sur-l'herbe-verte [encore !], balade-en-vélo, café-terrasse, Prospero et Samiel.
Au Grand Théâtre, à la veille de l'ultime représentation de la Trilogie du diable mise en scène par Olivier Py, j'entame mon week end vendredi par la représentation du Freischütz. Surmonter la salle étouffante du Grand Théâtre fut payant. Oh combien ! Premières notes de l'ouverture sur jeux de lumière, le mobile tourne, les ombres se déploient au fond de la scène. La magie opère avant même l'apparition de Samiel, avant même que les voix nous emmènent...

Il a fallu quelque repos ensuite pour les émotions de hier soir. Je regrettais presque cette succession rapide à nouveau avec le théâtre. Peur que je ne sois plus assez réceptive après le spectacle de vendredi.
A Kléber-Méleau, l'affiche me rassure. Les comédiens, le texte, Shakespeare. Et puis, revoir Jean Bruno... Michel Cassagne a quitté sa canne et le rôle de patriarche de ses dernières apparitions. Phénoménal d'agileté dans le rôle Caliban : ne serait-ce la voix qu'il serait presque méconnaissable ! Enfin, Philippe Mentha-Prospero, seul pour l'épilogue :

Si vous voulez que vos offenses vous soient pardonnées
Offrez-moi votre indulgence...


Son émotion palpable par les larmes.

Vendredi et hier soir, il aurait fallu quelques instants de silence de plus après les derniers accords scellant le pacte entre Samiel et l'ermite, mais également après les derniers mots de Prospero. Juste quelques secondes pour se laisser aller complétement aux "frissons". Pudique le public applaudit très vite, manifestant sa satisfaction, soit, mais chassant du même coup le trop plein d'émotion !



Samiel (Jean Lorrain) par Magali Dougados

mercredi, 5 novembre 2008

Prix littéraires


Denis Podalydès par C. HELIE (Mercure de France)

Réjouie par ce premier lauréat. La nouvelle est tombée hier : Denis Podalydès remporte le Prix Femina de l'essai avec Voix off !
Est-ce prémonitoire pour une belle cuvée de prix 2009 ? Réponse dans quelques semaines...

mardi, 4 novembre 2008

Au bonheur des mots (2)

Au centre
Carine Barbey et Michel Rossy par Dorothée Thébert

Entre le Shakespeare revisité par Valère Novarina jeudi dernier à la Comédie (Courez voir Gilles Privat dans l'émouvant Falstafe !) et le Shakespeare de La Tempête à Kléber-Méleau dimanche, hier, texte genevois au Poche. Le Quai de Jacques Probst attend les spectateurs. Quai désaffecté ou presque. Personnages en errance. Cruels. Patients. Malins. Fous. Et tout à la fois remplis de tendresse . Sans doute la mise en scène de Camille Giacobino apporte-t-elle une touche délicate. Carole Barbey a un côté de "Gardi Hutter", jouant avec les lucioles dans la nuit. Etonnante aux côtés d'Elodie Weber ! L'énergie de Michel Rossy émeut, tout comme le sort d'Eva (Nathalie Lannuzel). Et les spectateurs, en bordure de voie, sont témoins de ces égarements. Un train passe au loin. Lumière. Le public s'en va dans la nuit, satisfait de cette belle prestation!

lundi, 3 novembre 2008

Au bonheur des mots



On est silencieux, dans le bus, sur un banc ou dans un café. Et puis, sans le vouloir vraiment, on écoute une bribe de conversation, une phrase qui rebondit jusqu'à nos oreilles. Ce matin, dans la montée de l'immeuble, entre deux voisines, deux battements de portes, j'attends l'ascenseur. "Bon travail cet après-midi", suivi très vite, en réponse, par un timide "On va essayer"... Cette dernière attend-elle des encouragements ou sait-elle qu'on la considère comme employée modèle et désire rappeler que cela s'obtient à coups d'effort... On va essayer, sans être sûr de satisfaire son monde, permettant un moment d'absence ou de rêverie... !

La lecture des Dessous affriolants des Petites phrases - sous-titre de Ma grand-mère avait les mêmes - de Philippe Delerm rend attentif aux perles langagières du quotidien... !
Il réinvente un lot de locutions courantes, éprouvées par chacun : autour de la table, entre voisins, au marché ou au détour d'une saison ! A savourer jour après jour, histoire après histoire !