mercredi, 31 décembre 2008

L'AN 9



En quête de mots. Voilà les voeux pour l'an nouveau.
Révélation des mots de Pascal Mercier, ma découverte de l'année écoulée. L'écriture redoublée dans Train de nuit pour Lisbonne où il est question de Prado, écrivain lusitanien et auteur de Un orfèvre de mots (Um ourives das palavras) qui décidera du sort de Gregorius est captivante. Plus que cela. Elle donnera le ton pour l'année naissante...

"Sur mille expériences que nous faisons, nous en traduisons tout au plus une par des mots, et même celle-là simplement par hasard et sans le soin qu'elle mériterait. Parmi toutes les expériences muettes sont cachées celle qui donnent secrètement à notre vie sa forme, sa couleur et sa mélodie. Si ensuite, en archéologues de l'âme, nous nous tournons vers ces trésors, nous découvrons, à quel point ils sont déconcertants. L'objet de l'observation refuse de s'immobiliser, les mots glissent le long du vécu et à la fin il ne reste sur le papier que des contradictions. Longtemps, j'ai cru que c'était un manque qu'il fallait pallier. Aujourd'hui, je pense qu'il en va autrement : que la reconnaissance du désarroi est la voie royale qui mène à la compréhension de ces expériences familières et pourtant énigmatiques. Cela paraît étrange et même bizarre, je sais. Mais depuis que je l'ai compris, j'ai le sentiment d'être pour la première fois vraiment éveillé et en vie"... .*

Que chacun réalise un aussi beau projet ! Bonne année !

* Train de nuit pour Lisbonne, 10-18, 2008, p. 29

mardi, 30 décembre 2008

Givrées

Images non pas furtives, mais prisonnières du givre, oeuvre de la nuit froide sous les étoiles...


déco du sapin en trompe-l'oeil ?



Feuilles immortelles ?



Quant au gui, facile de se faire des bisous, les chênes nus ont des branches qui ploient sous les plantes parasites mais néanmoins porte-bonheur...
On doit au Roi soleil Baldut de Scandinavie cette croyance. Tué par une flèche empoisonnée avec du gui par le démon Loki , la déesse de l'amour Preyla pria les dieux qu'il ressuscite en promettant d'embrasser quiconque passerait sous le gui. Baldut bien sûr ressuscita. Et de cette légende naquit la coutume du baiser et du pardon lié au gui !

lundi, 29 décembre 2008

Fenêtre sur...

Fenêtre sur la rentrée théâtrale de janvier !



Il faut se tordre le cou pour apercevoir l'affiche au 2e étage du Théâtre Pitoeff. Sur l'affiche, deux hommes. L'un réfléchit songeur, l'autre guette trois points de suspension. "C'est biiien...... ça..." cause d'une blessure, d'un éloignement, d'un malentendu, d'un difficulté-de-dire-autour-d'un- silence...

La pièce de Nathalie Sarraute au Théâtre en Cavale nous donnera l'occasion de retrouver Mauro Belluci et Valentin Rossier dès le 16 janvier (H2 dans la pièce ? Sans doute. "Ecorché, peut-être c'est vrai. Un peu persécuté... Mais ça fait partie de ton charme"* dira H1 à son propos...)




Discrète la pub, non?
* p. 30.31, ed. Gallimard, 1982

lundi, 22 décembre 2008

Blancheur


Des voeux tout blancs pour ces prochains jours. La blancheur accompagnée de silence, comme hier lorsque le brouillard rendant les combes mystérieuses...



Halte par la face Sud pour cette drôle de montagne ?

jeudi, 18 décembre 2008

Lecture d'archives



Le Journal de Genève a été numérisé et depuis le début de la semaine, il est enfin accessible à tous !
Attendu comme le messie, il va permettre à chacun de se plonger dans la vie genevoise du XIXe ou de s'attarder sur son année de naissance, celle de ses 10 ans afin de survoler les faits marquants de chaque époque !
En chiffres cela représente 172 années d'informations (1826-1998), plus de 30 mètres linéaires de journaux qui se côtoient sur un rayonnage de bibliothèque !
Exemple : j'ai pu relire l'article concernant le film "Muriel" d'Alain Resnais, sorti quelques jours avant ma naissance... Fabuleux, non ?

Bonne lecture !

lundi, 15 décembre 2008

Plaisirs divers



Alors que certains ont pu profiter de la neige en ville (tiens ça c'est incongru alors que la campagne est toute blanche...), d'autres ont préféré l'eau du lac. Matinée de récompense sous les applaudissements après des entrainements solitaires dans le froid !

- En aparté : en reculant de 10 jours chaque année mon dernier bain dans le lac, dans cinq ans je peux m'inscrire ! -

Hier matin, la température de l'air avoisine le zéro, celle de l'eau comptabilise six petits degrés... C'est bien là, le reste de mon calcul... Il en MANQUE 6 !!!


mmhh pas chaude l'eau dans le seau...


petite brasse ou


... joli crawl ! ("je sortirai plus vite si je me dépêche? ")

BRAVO A TOUS

mercredi, 10 décembre 2008

Faites lui une bise...



Si vous l'avez reconnu et que vous le croisez, faites-lui une bise : c'est son anniversaire !

Quelques années après, le Jura, l'exercice et la curiosité... sont toujours d'actualité !!!

BON ANNIVERSAIRE

vendredi, 5 décembre 2008

Lumière

Voix, celle donnée aux
Autres, les auteurs :
Lumière sur l'
Espace comblé de mots.
Notoires sont les mises en scène, quand il
Travaille dans le noir.
Interprète, comédien
Néanmoins avec talent.



Aujourd'hui, lumière sur un anniversaire : la même actualité que ici et !
L'an dernier, je profitais de cette journée pour expliquer une certaine magie d'un lever de rideau voilà presque dix passés...

Cette année, pour les admirateurs (j'en connais une qui lit ses lignes...), un scoop... Retrouvailles l'an prochain du metteur en scène avec Shakespeare... sur les planches d'un théâtre genevois encore non foulées par l'homme du jour !

mercredi, 3 décembre 2008

Spazierung

Vingt et une heures au Grü, les 15 spectateurs retenus pour la soirée (pour l'expérience il n'en fallait pas plus mardi soir) attendent. Le metteur en scène leur explique que la première partie se fera dehors. Marcher dans Genève, la nuit, en faisant "corps" et dans le silence complet...

Bon. Je remonte mon écharpe, j'enfile mes gants. Devant, les baskets blanches de Maya donne le rythme, tel un métronome. Chacun ajuste sa cadence à la sienne. Toutes sortes d'idées me traversent la tête alors que les rues sont désertes. Je marche comme lorsque j'étais parfois en montagne, encordée et guidée : on se concentre sur le rythme.
Très vite, cela me plaît : la redécouverte des lieux connus. J'épie le regard curieux des passants. Le silence qui se dégage du groupe doit visiblement troublé. Seules les bottes d'une spectatrice résonnent sur le pavé, sinon les silhouettes que nous sommes ne sont que des ombres muettes. Les étoiles dans le ciel bien présentes renvoient à la constellation de l'affiche de saison du théâtre. Comme sur orbite, le bâtiment du Grütli se rapproche. Nous voilà rentrés.



Pénombre de la salle. Bancs noirs inconfortables pour la journée qui s'étire dans la bâtiment fréquenté par moi depuis l'aube...
Après une heure de silence, débit de murmures qui s'échappent d'une pièce où nous ne sommes pas. Les oreilles à l'affût. Il est question de Médée. Trois actrices bougent au ralenti en alternance avec la déambulation de l'une à travers l'espace exigu. La belle expérience de la première partie s'éloigne, la fatigue prend le relais... Le "stop" et "merci" du metteur en scène qui se lève mettent fin à l'exercice. Et comme encore sous l'emprise, chacun repart en silence. La consigne est pourtant levée...

lundi, 1 décembre 2008

Improvisation

Demain soir, théâtre en décembre ce sera Improvisation rimant avec Configuration HM1. Je traduis : prologue ou première partie consacrée à Heiner Müller au sein du Théâtre Grü. La météorite la plus importante de la saison Chaos08/09 autour de laquelle tourne d'autres constellations...


Heiner Müller par Marc Trivier

Le choix des textes s'effectuant le soir même, on fait confiance à l'affiche qui propose l'écrivain berlinois mis en scène par Josef Szeiler. Découverte ou expérimentation c'est selon, n'ayant vu à ce jour que trois pièces de l'auteur (Quartett, Hamlet-Machine, Philoctète) ! Et pour les curieux, plus d'infos ici !

jeudi, 27 novembre 2008

Conseil municipal en noir... et blanc



Alors que les esprits s'échauffent envers le Conseil municipal, les photos d'Ariane Arlotti sont projetées/exposées en silence dans divers lieux de la ville*. Croqués, les attitudes de certains élus irritent ou font rire ! Dans le hall du bâtiment du Grütli, mon regard s'est posé, le temps d'une pause ! A découvrir jusqu'au 16 décembre prochain.

*Maison des Arts du Grütli, Piscine des Vernets, HUG, Bibliothèque de la Cité, TPG

mercredi, 26 novembre 2008

Témoignage autour des mots

Rencontre hier soir avec un auteur fasciné par les mots, les langues. Ce qu’ils véhiculent, ce que l’acte d’écrire signifie. Pascal Mercier est un romancier profond, un homme dont la quête nous entraîne dans des récits touffus, où les personnages essaient de comprendre ce qu'ils vivent. Et la compréhension viendra dans l'acte d'écrire : "Celui qui n'écrit pas, ne sait pas ce qu'il n'est pas". Ce sont à peu près les propos tenus hier pour la dernière traduction française de ses romans : L'accordeur de pianos.

L'auteur nous a confié dans le cadre intime d'"un décor" de Tobias Putrih à la Galerie Attitudes que tout petit enfant déjà, devant le tableau noir de sa classe enfantine, il était émerveillé de voir inscrit sur le tableau noir vingt mots différents se côtoyer.



Souvenir qui peut renvoyer au passage ci-dessous, tiré du Train de nuit pour Lisbonne :

"Gregorius ne devait jamais oublier cette scène. C’étaient ses premiers mots portugais dans le monde réel, et ils agissaient. Que des mots puissent provoquer quelque chose, mettre quelqu’un en mouvement ou l’arrêter, le faire rire ou pleurer : enfant, déjà, il avait trouvé cela énigmatique et il n’avait jamais cessé d’en être impressionné. Comment les mots parvenaient-ils à ce résultat ? N’était-ce pas comme de la magie ? En ce moment, le mystère semblait plus grand que jamais car c’étaient des mots dont il n’avait encore aucune idée hier matin. Quand, quelques minutes plus tard, il posa pied sur le quai d’Irún toute peur s’était enfuie, et il marcha d’un pas sûr vers le wagon-lit"*.

* p. 60 de l'édition 10/18

mardi, 25 novembre 2008

Pause-graphisme en rouge et noir



Le Département des affiches de la BGE a convié jeudi dernier Niklaus Troxler, célèbre graphiste lucernois. Nouveau lieu de conférence dans la sombre Salle Ami Lullin. Si le nom du graphiste ne vous dit rien, ses affiches elles vous en connaissez certainement quelques unes, à l'occasion de la campagne pro-Europe, de l'expo 02, de manifestations musicales (il est le créateur du Jazz Festival de Willisau) ou du Cirque national Knie.


Le personnage est sympathique, presque jovial à présenter ses oeuvres. Avec humour aussi quand il dit vouloir agacer les passants dans des textes parfois difficiles à déchiffrer à la première lecture.

Quant aux lignes, l'artiste joue sur des effets de superpositions, de positif-négatif, de miroirs et de découpages....

Quelques exemples récents de ces deux dernières années :


Saison de jazz 08-09 à Willisau

Hommage à Frida Kahlo Diego Rivera (2008)

Les 50 ans du caractère typographique Helvetica, pas au goût de l'artiste ! (2007)




lundi, 24 novembre 2008

Vallée de la Jeunesse

Hier après-midi à la Croix-d'Ouchy, réminiscence d'une balade. Il faisait chaud, presque trop chaud comme lors des premiers jours de printemps... - Le beau contraste avec les bourrasques d'hier -. La balade nous avait conduit ce jour-là à la Vallée de la Jeunesse réputée pour ses bosquets de roses, et, pour les enfants lausannois, pour ses toboggans nichés sur la colline ! Rires tendres quand les adultes veulent jouer comme des enfants. Le toboggan n'était plus adapté à notre corps : ouille !




Hier, les souvenirs s'égrènent au fil du spectacle grâce à des récits liés à des objets. Ceux d'Eugène sont répartis en deux catégories : les objets aimés ou ceux qu'il déteste. On y découvre son aversion pour les balades en montagne, mal équipé qu'il est, ne sachant pas ce que sont des "vêtements pas dommages", ou sa découverte merveilleuse au sommet de l'Innovation de la fameuse panthère rose.
Dès les premières minutes, Eugène seul sur scène (mais mis en scène par son pote Christian Denisart - oui, le même que dans Saccharine) nous émeut, nous fait rire dans l'épisode des "tomates". Le petit garçon dont les semaines se composent de mardi, mercredi et samedi à Bucarest, va grandir en Suisse. Découverte à son tour de la Vallée de la Jeunesse, du centre ville en boguet, des Clash... Les épisodes se succèdent et ce n'est pas sans émotion qu'il termine son spectacle par l'évocation de la mort de son père, synonyme d'adieu à sa jeunesse...

Eugène, avec son livre éponyme, vient d'obtenir le Prix Lettres Frontières. C'est une autre possibilité de découvrir cet auteur*... sinon le spectacle se joue jusqu'au 30 novembre prochain!

* Ed. de la Joie de Lire

dimanche, 23 novembre 2008

L'arbre qui défie les saisons



Novembre, Kreglinger Straat
Il semble bon vivre.
L'arbre en fleurs
défie les saisons,
Avril ou novembre
Pétales roses accueillants,
Dans l'attente du printemps.

samedi, 22 novembre 2008

Comme dans un conte

Regardez bien : le reflet nous donne un indice : nous ne sommes ni en Angleterre, ni en Belgique.



Le Petit-Salève, au-delà du lac, se reflète sur la porte d'entrée : nous sommes bien à Genève, au pied d'un Grand Hôtel du quai de la rive droite. Le Cottage* a rouvert ses portes au seuil de l'hiver. La patronne a délaissé la grande terrasse de la rive gauche pour venir se blottir dans le Parc des Alpes : la bonne idée. L'endroit, vitré, laisse une vue sur les montagnes, une fois que le regard a survolé le mausolée Brunschwig.
Ce matin, café et les quotidiens du matin, puis les premiers flocons, en bataille avec le vent, dehors. Comme dans un conte...

* l'endroit est à découvrir par tous les temps, à toute heure de la journée !





lundi, 17 novembre 2008

Vocabulaire entre la terre et l'eau

L'actualité permet parfois de s'arrêter sur le lexique employé dans les communiqués officiels ou la presse. Entre corps médicaux français et SNCF, mardi prochain, "les fonctionnaires de la Ville débrayent"... Oui, mais encore ? Plus doux que la grève, le terme de débrayage va-t-il inciter un grand nombre à se mobiliser ?

Pour que le sujet soit moins terne en début de semaine, je cite Alain Rey, célèbre lexicographe pour illustrer cette rencontre de mots, tirée du livre Les mots de saison !

Plage, au départ, ne dit rien d'autre que "terrain en pente", et grève que "sol caillouteux" ; mais les deux mots ont été comme attirés par le contact entre la terre et l'eau. Alors que la plage s'est arrogé les plaisirs des vacances, du tourisme balnéaire et du surpeuplement recherché, la grève, même sans grévistes, a conservé un aspect rude, qui incite à la contemplation ambulatoire de l'infini océanique plus qu'à la chaise longue. Etrange trajet des mots les plus simplement concrets, qui les oppose et les affronte. [p. 73]

Mardi prochain, je choisirai les aspérités du second terme aux côtés de mes collègues... sans état contemplatif devant le conseil administratif !



mercredi, 12 novembre 2008

On est tous un peu témoins

Théâtre au bord de l'eau
Pluie sur Chapiteau

Parapluies de couleurs
Dehors
Dedans,
Décor transparent
Costumes noir et blanc

Reproches, "petits riens"
Les heures passent avec le vin
Les invités n'ont plus très faim
Oeillades, pas de danse, refrains
On est tous un peu témoins

Vingt représentations plus tard,
Bonifiés dans le soir
On apprécie les comédiens

Théâtre au bord de l'eau
Pluie sur Chapiteau
La Noce part à vau-l'eau...

mardi, 11 novembre 2008

M. P.

Si je vous dis :

Ice cream balnéaire
Eighties Angleterre
Ventre blanc à l'air

Vous me répondrez en fredonnant :

Martin Parr
Nager quelque part.

Je répondrais par un signe de tête affirmatif. Et, je fredonnerais avec vous... les quinze chansons du dernier Delerm !


lundi, 10 novembre 2008

Frissons

Les émotions du week end ont eu pour noms : rosée-sur-l'herbe-verte [encore !], balade-en-vélo, café-terrasse, Prospero et Samiel.
Au Grand Théâtre, à la veille de l'ultime représentation de la Trilogie du diable mise en scène par Olivier Py, j'entame mon week end vendredi par la représentation du Freischütz. Surmonter la salle étouffante du Grand Théâtre fut payant. Oh combien ! Premières notes de l'ouverture sur jeux de lumière, le mobile tourne, les ombres se déploient au fond de la scène. La magie opère avant même l'apparition de Samiel, avant même que les voix nous emmènent...

Il a fallu quelque repos ensuite pour les émotions de hier soir. Je regrettais presque cette succession rapide à nouveau avec le théâtre. Peur que je ne sois plus assez réceptive après le spectacle de vendredi.
A Kléber-Méleau, l'affiche me rassure. Les comédiens, le texte, Shakespeare. Et puis, revoir Jean Bruno... Michel Cassagne a quitté sa canne et le rôle de patriarche de ses dernières apparitions. Phénoménal d'agileté dans le rôle Caliban : ne serait-ce la voix qu'il serait presque méconnaissable ! Enfin, Philippe Mentha-Prospero, seul pour l'épilogue :

Si vous voulez que vos offenses vous soient pardonnées
Offrez-moi votre indulgence...


Son émotion palpable par les larmes.

Vendredi et hier soir, il aurait fallu quelques instants de silence de plus après les derniers accords scellant le pacte entre Samiel et l'ermite, mais également après les derniers mots de Prospero. Juste quelques secondes pour se laisser aller complétement aux "frissons". Pudique le public applaudit très vite, manifestant sa satisfaction, soit, mais chassant du même coup le trop plein d'émotion !



Samiel (Jean Lorrain) par Magali Dougados

mercredi, 5 novembre 2008

Prix littéraires


Denis Podalydès par C. HELIE (Mercure de France)

Réjouie par ce premier lauréat. La nouvelle est tombée hier : Denis Podalydès remporte le Prix Femina de l'essai avec Voix off !
Est-ce prémonitoire pour une belle cuvée de prix 2009 ? Réponse dans quelques semaines...

mardi, 4 novembre 2008

Au bonheur des mots (2)

Au centre
Carine Barbey et Michel Rossy par Dorothée Thébert

Entre le Shakespeare revisité par Valère Novarina jeudi dernier à la Comédie (Courez voir Gilles Privat dans l'émouvant Falstafe !) et le Shakespeare de La Tempête à Kléber-Méleau dimanche, hier, texte genevois au Poche. Le Quai de Jacques Probst attend les spectateurs. Quai désaffecté ou presque. Personnages en errance. Cruels. Patients. Malins. Fous. Et tout à la fois remplis de tendresse . Sans doute la mise en scène de Camille Giacobino apporte-t-elle une touche délicate. Carole Barbey a un côté de "Gardi Hutter", jouant avec les lucioles dans la nuit. Etonnante aux côtés d'Elodie Weber ! L'énergie de Michel Rossy émeut, tout comme le sort d'Eva (Nathalie Lannuzel). Et les spectateurs, en bordure de voie, sont témoins de ces égarements. Un train passe au loin. Lumière. Le public s'en va dans la nuit, satisfait de cette belle prestation!

lundi, 3 novembre 2008

Au bonheur des mots



On est silencieux, dans le bus, sur un banc ou dans un café. Et puis, sans le vouloir vraiment, on écoute une bribe de conversation, une phrase qui rebondit jusqu'à nos oreilles. Ce matin, dans la montée de l'immeuble, entre deux voisines, deux battements de portes, j'attends l'ascenseur. "Bon travail cet après-midi", suivi très vite, en réponse, par un timide "On va essayer"... Cette dernière attend-elle des encouragements ou sait-elle qu'on la considère comme employée modèle et désire rappeler que cela s'obtient à coups d'effort... On va essayer, sans être sûr de satisfaire son monde, permettant un moment d'absence ou de rêverie... !

La lecture des Dessous affriolants des Petites phrases - sous-titre de Ma grand-mère avait les mêmes - de Philippe Delerm rend attentif aux perles langagières du quotidien... !
Il réinvente un lot de locutions courantes, éprouvées par chacun : autour de la table, entre voisins, au marché ou au détour d'une saison ! A savourer jour après jour, histoire après histoire !

mercredi, 29 octobre 2008

Au petit matin

L’éphémère du moment. Dehors il fait nuit. Il pleut. Ceux qui sont déjà debout ont dû se résoudre à quitter le chaud et le sec au saut du lit.

L’ambiance est particulière : être rassemblés si tôt une activité commune – rien à voir si la scène se passait à 11h ou 14h…-.

Durant l’attente, - le guichet menant à la piscine municipale est encore fermé -, des balbutiements s'élèvent. Parfois chaleureux comme si celui qui s’adresse à son voisin considère celui-ci commeun proche. On entend comme de la reconnaissance dans la voix. Silencieuse (ces quelques instants immobiles me font presque plonger dans un demi-sommeil), j’écoute ces bribes de conversation : «… c’est comme pour la Constituante, que 14 femmes ont été élues »… Phrase à mettre en parallèle avec nous femmes peu nombreuses dans la queue… [aucune conclusion à tirer, puisque dans la queue justement, les corps de police et de pompiers viennent s’entraîner professionnellement…]. Et d'ailleurs qu'importe puisque le désir de chacun d'entre-nous est semblable : la natation au réveil !

Quarante minutes plus tard, on retrouve les mêmes devant les sèche-cheveux ou les casiers. Mais déjà, le rythme de la journée qui les attend reprend. Ils se souhaitent à la hâte un « Bonne journée ».

Juste pour ne pas regretter l’heure sacrifiée à l’aube. Alors plutôt plumes ou palmes ?



lundi, 27 octobre 2008

Les feuilles mortes



Fin octobre, les jardins, les pelouses vertes sont recouvertes de feuilles et selon Prévert, les feuilles mortes se ramassent à la pelle... En promenade, le sol jonché de feuilles, on marche à travers, juste pour le bruit que procurent nos pas... Dans une certaine légèreté.

Mais la nouvelle est tombée l'autre soir, de plomb. Depuis cette année, les tonnes de feuilles ramassées dans les rues et les parcs de la ville seront incinérées... Elles contiennent trop de pollution et ne peuvent plus devenir, compost pour nos agriculteurs ! C'est une mesure de protection soit, mais pour nos poumons que fait-on ?






mardi, 21 octobre 2008

L'aventure

Chantonner en marche... c'est comme les histoires qu'on se raconte. Cela permet d'avancer sans trop réfléchir... Dimanche, la mélodie chantonnée fêtait ses 50 ans. Et, par une sorte de de coïncidence heureuse, c'était Brel écouté la veille qui a été convié à la marche.

L'aventure commence à l'aurore
A l'aurore de chaque matin

L'aventure commence alors

Que la lumière nous lave les mains


L'aventure commence à l'aurore

Et l'aurore nous guide en chemin

L'aventure c'est le trésor

Que l'on découvre à chaque matin


On ne pouvait trouver mieux.

Pause pendant une séance d'enregistrement.

J'aime bien cette photo même si elle est plus
récente que la chanson.


lundi, 20 octobre 2008

Plus jamais sans...

L'expérience récente en Suisse centrale ne nous a pas suffi. Nous revoilà partis pour une randonnée, dans une région que nous connaissons mal (Départ Unterems !) sans carte. En poche, juste une description grossière de la balade, sans les courbes de niveaux!

Une fois sur place, avec improvisation (train régional plutôt que le car) et petite benne à faire fonctionner quasi soi-même, nous voilà en chemin. Première hésitation : trouver le bon sentier (apparemment une sorte de bisse, donc ne pas trop descendre).



On prend le temps de respirer l'automne à pleins poumons : l'air vif, l'odeur des cheminées et des senteurs de sous-bois. On apprécie la calme...
Plus tard, après les deux erreurs fatales (1200m de dénivellé juste pour l'effort vu qu'il a fallu rebrousser chemin "Chadolin 5h45..ça fait un peu juste non ?"), la tête fonctionne en aparté, elle se raconte des histoires pour ne plus penser, ni à la plante des pieds, ni à la soif, ni aux genoux... A travers les arbres, enfin le Pont bouthanais et sa ribambelle de drapeaux à prière...



On profite de savourer une mandarine et on repart. En toute fin de journée, le soleil a déjà perdu de sa chaleur, on totalise 6h de marche, avec un court arrêt, au lieu de trois... Moralité : PLUS JAMAIS SANS. Sans carte topographique dans le sac...

vendredi, 17 octobre 2008

Spectacle griffé V.R.




Griffé V. R. pour Version Rock'n' roll ? Mais pas seulement ! Jugez plutôt.

Brecht est choisi pour la deuxième fois par le metteur en scène Valentin Rossier (avec un petit clin d'œil au spectacle précédent) et se joue ces jours-ci au Théâtre du Loup.

Le noir sur la scène quand on arrive dans la salle.

Eux, les invités de la Noce déjà installés côte à côte, attablés …(on croit entendre "accablés").

Le rythme est donné dans la lenteur et une sorte de léthargie. Les désillusions pleuvent, les bouteilles s'ouvrent, les histoires s'enchaînent et s'interrompent, les invectives redoublent. Chacun, seul devant son assiette, mais pas pour longtemps dans le décor qui s'effondre... Suivent des temps de silence, une danse quelque peu déplacée (chorégraphiée au ralenti, en noir et blanc : splendide). Et, presque au bout de la table, LA langue de vipère s'amuse (si, si il y en a une à chaque fête ou réunion familiale, ici interprétée magnifiquement par Sabrina Martin). Son fou rire a même l'autre soir entraîné avec lui ceux de plusieurs spectatrices dans le public, dont le mien (mais est-ce exclusivement féminin ?).

Après le grand "marasme", mot lâché par la "vipère", la scène ne revient pas au noir du début, et seule une ampoule éclaire encore le triste constat, les restes de la fête...

C'est ce sens du détail qui séduit à chaque mise en scène, qui libère les émotions. L'équilibre entre les mots et les silences, l'arrêt du déroulement narratif par la musique, renforçant le jeu des acteurs.




Séduit ? Alors direction : Théâtre du Loup jusqu'au 26 octobre… à moins que vous ne préféreriez le Théâtre au bord de l'eau...(hâtez-vous seuls le 7 et 8 novembre n'affichent pas complet à l'heure où je poste ce message). Moi… j'ai choisi les deux !


mercredi, 15 octobre 2008

L'achat d'un livre



Je reviens sur le livre de mon contemporain acheté lundi.


Enthousiaste, j'ai voulu partager la découverte, les émotions. Avant cela, il y eut obligatoirement l'achat du livre.

La lecture de l'article du Temps* célébrant la sortie du livre m'avait conquise. J'ai attendu d'avoir une matinée de libre pour me rendre en librairie (j'insiste "en librairie", là où on ne trouve QUE DES LIVRES sur les rayons).

Dehors, il fait doux. Balade pour arriver devant le magasin. La promenade se prolonge au delà de la porte franchie, dans les rayons à la recherche du livre que je suis venue acheter. Mes yeux balaient les présentoirs, les rayonnages. Je ne retiens pas les autres livres, les auteurs connus, ceux qui pourraient potentiellement, dans un autre temps, m'intéresser. Je continue ma quête. Je finis par le découvrir au milieu d'une table. Aucune possibilité d'y jeter un coup d'œil, il est cellophané. Bon. J'en choisis un. La caisse enfin, impatiente tout à coup de sortir, de rentrer, et de me plonger dans la lecture.


Tenir un nouveau livre entre les mains. Le grain du papier de couverture, le bandeau rose vif. Je passe ma main sur le dessus avant de l'entrouvrir enfin.

Les premiers mots, l'œil qui s'arrête sur une photo. Tiens le livre est ponctué de portraits, d'images de famille…


C'est toujours un moment d'exception, l'achat d'un livre…


*Le Temps du 4 octobre 2008

lundi, 13 octobre 2008

Voix off

Voix off, celle d'un acteur. Voix de Denis Podalydès.



Au fil du livre, le noir et blanc de la page se dédoublent dans le grain des voix. L'audition fait suite à la lecture.
Troublant.

Et, dans les voix élues, celle de Charles Denner !
Je ne résiste pas à vous faire partager l'écriture sincère de l'auteur.

"Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le monde en tous sens et lui confèrent son équilibre et son harmonie* - est-ce bien cela ? - je creuse mes muqueuses, descends ma luette pour agripper l'accent fourchu, la mélodie gutturale.
Je revois le film. Voix plus intérieure et plus rauque que je ne pensais. Et sa douceur me surprend. Seul exemple de raucité douce, d'accent de gorge arrondi et caressant. Voix travaillée par le tabac, le théâtre, le sentiment tragique dont son regard témoigne. Au TNP, il joue de terribles félons. Sa voix convient aux canailles qu'il incarne comme autant de Mr Hyde, dont Vilar serait le Dr Jekyll.
Je comprends. Voici que m'apparaît ce qui, en Denner, me tient, m'arrête, me fait mâchonner mes propres mots en tous sens, insatisfait de ce que j'en dis, au bord de la sensation exacte, loin encore de l'émotion précise dont je cherche la traduction" [p. 76-77].


La voix donne corps à l'homme de théâtre - aux hommes de théâtre devrais-je dire... -, mais pas seulement.
"Fermer les yeux et écouter" : la voix se travaille, la voix nous trahit, la voix nous emmène au-delà des simples mots.
"Fermer les yeux et écouter"... Le livre de Voix off nous donne la possibilité de s'amuser à ce jeu-là. Les enregistrements offerts avec le livre sont captivants... Petite trêve dans le-monde- de-l'image-avant-tout !

* Monologue de Morane, écrivain tapant son manuscrit dans L'homme qui aimait les femmes...

Cliquer si vous ne vous souvenez pas de la voix de Charles Denner !

jeudi, 9 octobre 2008

Une île



Sur le chemin des vacances, au retour, une île,
"comme une cible d'or
tranquille, comme un enfant qui dort
".

Au repos,
entre le ciel et l'eau...

mercredi, 1 octobre 2008

Un clin d'oeil

Petit clin d'oeil sur des fenêtre que je connais bien. Celles d'une classe qui fut pour moi un deuxième terrain de jeux, et des dessins sans fin, aux craies de couleurs sur fond de tableau noir !



Le girafes, ce matin, sont là pour me rappeler que bientôt sur le chemin du retour, ce seront les girafes de Rapperswil qui nous diront bonjour ! Et, les vacances, elles, sont toutes proches !

mardi, 30 septembre 2008

Loin de la ville, inaccessible



Alors là ! Utilisez le site des Bains pour une publicité aussi moche, c'est vexant !
Le lieu renvoie une image paisible où justement on débranche, genre "Loin de la ville, inaccessible" !
Le contre-emploi du lieu devrait inciter au boycott de la marque !!!

dimanche, 28 septembre 2008

La ville, dimanche matin...



Presqu'un sentiment angoissant. Le silence profond de la ville ce matin... comme si la ville désertée venait de subir une catastrophe.
En réalité, juste un retour à la normale : la ville rendue aux piétons (marcheurs, coureurs...) grâce au marathon ! Plus aucune voiture sur les quais, des ponts déserts pour passer d'une rive à l'autre...



Dans le silence, le regard s'aiguise. Des détails architecturaux du Quai Wilson se laisse admirer, sans être dissimuler par le flux automobile ! Cela vaut bien quelques encouragements matinaux aux marathoniens !

vendredi, 26 septembre 2008

Rentrée théâtrale (2)

Masque ?



Au départ, un lieu. Comme l'explique le metteur en scène Christian Denisard, tout est parti de ce lieu étrange au bord de l'eau : un bassin d'entraînement pour les débutants en aviron. L'envie de mettre en valeur ce lieu quelque part absurde - où on rame pour aller nulle part - a permis au metteur en scène de collaborer avec Eugène. Le résultat est la pièce Rame.
Ramer : au propre comme au figuré. L'aviron ? Une micro société. Le nouvel arrivant (un touriste qui n'a rien demandé) sur la frêle embarcation va vite déchanter : pris au piège, il essaie à maintes reprises de repartir à la nage. Pascal Schopfer, héroïque, mouillé durant toute la durée de la pièce, vit un cauchemar : sadisme de la part du barreur, punition collective, soumission... et la peur qui empêche d'agir.
Pour la beauté des yeux et des oreilles, le spectacle est ponctué par le ballet des rames, rythmé par No square.
Magique comme une part de rêve...

mercredi, 24 septembre 2008

Largo, e pianissimo

Hier après-midi, un journaliste en quête de tempo... Je le renseigne volontiers. Oui, Adagio est plus lent qu'Andante. Ce matin, le réveil se fait en douceur : largo, e pianissimo !



La voix de Cleofide, c'est elle. Et, Cleofide, c'est la Reine aimée de Poro, dans l'opéra de Haendel. Caro mio amplesso, duo d'amour qu'elle partage avec Lauwrence Zazzo...



Enchevêtrement des deux voix, qui s'unissent, douces, heureuses... Harmonieuses. Trois minutes de pur bonheur pour démarrer la journée.