jeudi, 31 mai 2007

Au point du jour


Visite matinale ce matin, dans la pénombre, le ciel encore indécis sur la couleur à prendre !
Un gros papillon de nuit virevoltait, cherchant un recoin pour fuir la clarté de l'aube. Étrange insecte, peu convoité, terne et disparaissant en poussière, semblable aux mites non désirées...
Cinq heures et le voilà reparti, mon sommeil avec lui.

Je me fixe la quête d'observer un de ses cousins de jour, ce soir, en arrivant au bord du lac, sur l'esplanade du Théâtre de Vidy.

mardi, 29 mai 2007

Lézard

Chemin faisant
Les compagnons de route
Étaient vert et immobiles
Petits reptiles indolents
Les escargots - lents -
Ne sont arrivés que le dernier jour
Au terme du parcours !

Moralité : croire plutôt au dicton de grand-mère "... en mai fait ce qu'il te plaît" qu'en la science météorologique aux prévisions nébuleuses et floues !

jeudi, 24 mai 2007

Nomade


Trois jours, sac au dos, tels des escargots.
Le temps orageux.
Le lac menaçant.
Le sentier déserté.
En imagination.
Demain.

Bienfait.
Bienfait de la marche.
Bienfait de la marche sous la pluie.
Bienfait de la marche sous la pluie, la tête vide.
Les yeux grands ouverts, écarquillés.

lundi, 21 mai 2007

Entourée de mystère

La voix. Qui manque. Qui émeut. Familière. Douce. Métallique. Éteinte. Fatiguée. Sincère. Miélleuse. Insaisissable.

Dans la préparation de mon déménagement, me voilà à nouveau confrontée aux objets ayant appartenus à des proches, objets que j'avais emportés dans le chagrin, comme un réflexe pour combler le manque.

Les mois ont passé et ces objets me parlent de moins en moins, outre quelques photographies, un ou deux livres...
Les voix des proches se sont tuent et elle me voue au silence car rien ne pourra reconstituer ce mélange de timbre, d'intonation propre à chacun. J'imagine quel trouble se serait si un quelconque enregistrement me les rendait.
C'est mystérieux, une voix. Elle dévoile la personnalité d'un individu, elle est ancrée dans son intimité. Soyez enroué, perdez votre voix, votre personnalité se perd avec elle. Vous devenez "quelqu'un" d'autre. On dit que les yeux sont le miroir de l'âme, la voix, elle, si elle reste suspendue dans le temps et l'espace, vient de l'intérieur, liée au corps, vivant à son rythme ! Fermez les yeux et écoutez !

La voix lointaine (II)

Ou bien je l'entendais dans une autre salle.
Je ne savais rien d'elle sinon l'enfance.
Des années ont passé, c'est presque une vie
Qu'aura duré ce chant, mon bien unique.

Elle chantait, si c'est chanter, mais non,
C'était plutôt entre voix et langage
Une façon de laisser la parole
Errer, comme à l'avant incertain de soi,

Et parfois ce n'étaient pas même des mots,
Rien que le son dont les mots veulent naître,
le son d'autant d'ombre que de lumière,
Ni déjà la musique ni plus le bruit
.

Yves Bonnefoy, Les planches courbes, Gallimard (Poésie),2003


samedi, 19 mai 2007

Célébration


"
Connaissant l'île, tu me connaîtras aussi.
Dans un même souffle on nomme nos deux noms,
Et chaque pierre ici respire pour les crier.
Je suis son maître souverain, et je suis son esclave,
A elle enchaîné par l'indéfectible
Chaîne du flot salé qui nous cerne de bleu,
Moi, Philoctète, et Lemnos, mon île." *

Le ton est donné. Philoctète, en otage, blessé, pèse ses mots.
On l'écoute. On le suit des yeux dans sa démarche chancelante, sur le sable brûlant.
On est transpercé par son regard d'acier, l'émotion gagne quand il marmonne, abandonné.

Terre aride, silence de mort, le spectateur retient son souffle, tournant la tête pour saisir les perspectives, même s'il est, lui aussi, confiné sur l'île.

Trois perspectives, trois représentations, trois comédiens qui excellent. Le spectacle à portée de mains, je considère cela comme un luxe, une célébration d'avoir l'occasion de revoir ce spectacle. Le nom de "White box", salle dans laquelle se joue la pièce, n'évoquait pour moi "rien du tout" ! Désormais, les pas de Jacques Probst, la voix de Valentin Rossier et les regards de David Casada y seront liés, indéfectiblement.

*
Philoctète de Heiner Müller, traduction de F. Rey, mise en scène de Bernard Meister


vendredi, 18 mai 2007

Bleu


Celui du ciel, nuance Klein. Profond mais serein.

Celui d’un projet à concrétiser très vite : à lire le texte ci-dessous l’évocation du lac, le goût de l’effort (et du risque) plonge le lecteur… dans les nuances et les mouvances de la Rade !

Bleu comme la collection de l’Aire, dont un joli petit volume de Ludwig Hohl : Tous les hommes presque toujours s’imaginent…et qui commence ainsi :

Efforts

Lorsqu’on traverse le lac à la nage, tout seul, le plus difficile, ou du moins le plus pénible, est de supporter la monotonie résultant du fait qu’il vous est strictement impossible, pendant longtemps, de mesurer votre avance, tant l’eau est partout pareille [à l’exception d’algues flottantes ou d’une bulle d’eau qui parfois vous dispensent un léger réconfort]. La rive d’en face ne semble pas se rapprocher, pas plus que ne s’agrandissent les autos, points minuscules, qui là-bas se déplacent ; sur la rive en revanche que vous avez quittée, les choses, passé les deux ou trois premiers cent mètres, restent obstinément immuables : une vague épaisse de collines avec des prés, des vignes, un château et d’imposants bocages. Le mieux, si l’on n’y était contraint pour se diriger, serait de ne plus se retourner et de s’abandonner tout entier à ses mouvements uniformes dans la ferme croyance qu’on avance malgré tout : état qu’on pourrait presque qualifier d’onirique. Jusqu’au moment où me retournant tout de même, et pas seulement sur mes points de repère, mais sur l’ensemble du rivage : Qui me salue ? Qui se dresse tout à coup dans sa hauteur et sa blancheur ? Dominant largement la première vague de collines et les reliefs qui la suivant ; invisible à proximité du rivage et longtemps encore après qu’on l’ait quitté : le Mont-Blanc. Qui depuis un moment déjà, m’observe paisiblement.



samedi, 12 mai 2007

Rive gauche - Rive droite


Le Pont au-dessus de l'Arve, menant à Carouge. "Pont-Neuf" comme à Paris. Ici, il permet de passer de Genève à Carouge. J'ai habité sur les deux rives, non loin et l'ai donc traversé en tous sens et à chaque saison. Petit arrêt pour admirer la couleur de l'eau en hiver, observer les cygnes se reposant au pied des arches, ou deviner le bas du Salève les jours de brume.
Cette photo retrouvée avec d'autres dans un album de famille, je ne saurais la dater. Des arbres et des maisons pour points de repère, quand d'autres façades ont bel et bien disparu avec le siècle passé.

A part deux brèves exceptions, j'ai jusqu'à présent toujours vécu au bord de l'Arve. En amont, et en aval du pont. Cette époque se termine bientôt. Je quitte la rivière et m'en vais de l'autre côté du Rhône. Sur la rive droite. Symbolique. Chaque rive à ses fervents défenseurs et ses détracteurs, souvent sous le regard amusé de ceux qui ont déménagé au-delà des frontières et des océans. Moi je traverse un fleuve. Presque une mésalliance pour mes voisins !
Ce changement ne peut que réjouir mon attachement au lac... et mes origines "pâquisardes".

mercredi, 9 mai 2007

Hommage à ma fleuriste


Certains jugent que trop de présences masculines occupent l'espace de ce blog. Je tais donc mes impressions sur la pièce vue tout à l'heure au Théâtre du Grutli interprétée par trois comédiens ! Soit, hommage donc ce soir à une femme : ma fleuriste (merci aussi à la photographe).

Anémone
Bleuet
Coquelicot
Dahlia
Églantine
Fougère
Glycine
Hibiscus
Iris
Jasmin
Kyrielle de...
Liseron
Myosotis
Nénuphar
Odorante
Pivoine
Qui-sait-la-plus-belle
Rose
Senteur (Pois-de-)
Tulipe
Violette

lundi, 7 mai 2007

Et l'homme en noir est arrivé

La salle dans la pénombre. Sur scène : un piano, l'orchestre tout autour, l'homme en noir arrive par pas feutrés, salue et s'assied. Les applaudissements cessent. Respiration, silence. La musique peut commencer. Cet homme, soliste et chef d'orchestre, avait lors de son intégrale des concertos pour piano de Mozart dans cette même salle, conquis le public genevois. Toujours la même tenue, l'élégance intacte, la chemise noire ample et longue afin d'accentuer l'aisance, le temps n'a-t-il pas de prise sur Christian Zacharias (sans jeu de mot avec "Die Uhr", nom donné à la symphonie jouée en seconde partie jeudi soir au Victoria Hall) ? Depuis lors, Christian Zacharias est resté un peu l'enfant chéri ; la salle fait bon accueil à la première partie du concert (Bach et Scarlatti). De mon côté je savoure pleinement ces retrouvailles. Cependant, Haydn et le mystère du 1er mouvement de la symphonie no 101 me bouleverse. Ce soir-là, j'imagine même que ce thème musical pourrait servir à un dénouement shakespearien !!!

mercredi, 2 mai 2007

Les Rouges contre les Bleus


Hier soir, j’ai décidé de partager la soirée Liverpool-Chelsea avec mon footballeur préféré (mon homme !). Un match de plus « Rouge » contre « Bleu » !

Aimer le foot reste souvent une histoire de famille. Pour moi, c’est intimement lié à mon père. Un partage rien que les deux le temps d’un match, bravant la pluie, luttant contre le froid pour aller soutenir les Grenats aux Charmilles…

Hier pas de Grenats ; les « Reds » mènent toujours 1-0 quand je repense à un petit livre sorti cet hiver.

Voici un conseil à toutes celles (et tous ceux) qui maudissent les mercredi soir de retransmission de matchs : lisez La tranchée d’Arenberg et autres voluptés sportives. Deux pages suffisent à Philippe Delerm pour décrire l’effort, la solitude, la joie, la douleur ou la nostalgie liée à un rendez-vous sportif. Tellement la vie, tellement humain ; alternant le point de vue du sportif (l’auteur a pratiqué l’athlétisme) ou du (télé)spectateur ! Et pour rejoindre le thème du jour, il faut lire et relire le morceau d’anthologie consacré au hors-jeu intitulé « Au départ de la balle, j’suis pas sûr » !

mardi, 1 mai 2007

Gus


Le nom est connu. Il faut dire que dans le grand parc des Bastions, assidûment fréquenté pendant mes années universitaires - mais pas seulement - son visage m'est devenu familier. Un buste qui joue avec le soleil et l'ombre des marronniers. Prenant ma pause dehors pendant toutes ces années d'études, je suis venue m'asseoir souvent sur le socle de pierre blanche, levant la tête pour croiser le regard du vieillard, comme si je lui en demandais l'autorisation. Complice de mes menus, voyeur dans mes lectures, il doit connaître mes goûts, semblable à un ami. A mon tour de m'intéresser à son noble parcours... On lui doit le nom d'un parc, celui d'une rue, là précisément où je vais bientôt déménager. Qui est-il ? (Indice : le titre porte l'abréviation de son prénom !)