mardi, 10 avril 2007

Le retour


Longue absence de Poisson-chat... parti, revenu, inquiet, cogitant sur le "Vivre à propos" à l'aube de ce nouveau printemps... - j'y reviendrai plus tard !

Ce soir quelques réflexions sur la chorégraphie des passagers de Cointrin à la fin d'un week end pascal. J'arrive en avance à dessein dans le hall des arrivées. "Son" avion n'atterrit que dans 40 minutes, le temps pour moi de trouver un poste d'observation proche des portes de douanes. La hall est presque silencieux. Peu d'atterrissages sont prévus dans les minutes qui suivent. L'espace blanc, asceptisé, ressemblerait pour un peu au monde hospitalier. Je fais peut-être le rapprochement entre le blanc clinique où l'on soigne et celui qui reste pour moi inhospitalier : je gère mal les retrouvailles, moins encore les séparations et par-dessus tout ma peur de l'avion, mes rares expériences en ce domaine, me font redouter tout ce qui ressemble de près ou de loin à un aéroport. Une consolation pourtant. Mon attente, en ce lundi de Pâques, se transorme en réel spectacle. Dans un coin, trois chauffeurs professionnels se tiennent compagnie tout en guettant les arrivées afin de brandir en temps voulu la pancarte indiquant les noms de l'entreprise et celui du client. La hiérarchie est vite établie entre les chauffeurs selon l'importance de la pancarte : de la simple fourre plastique au cadre très élaboré, au verre anti-reflet et à l'impression couleur. Leur discussion animée est synonyme d'attente sans émotion et contraste avec ceux qui attendent tout près - le hall s'est subitement animé. La plupart de ceux qui arrivent sont seuls, le regard passant du tableau affichant les arrivées aux portes coulissantes. On machônne un chewing-gum ou on joue avec ses clés de voiture. D'autres viennent en famille rechercher un fils, une soeur, un parent. C'est noir de monde et les gens se croisent. Ceux qui arrivent, puis repartent très vite. A peine le temps d'une émotion. Retrouvailles pudiques du bout des lèvres, le regard brillant laissait présager un peu plus d'effusion ! Ceux qui prennent le temps, sorte de héros des voyages-express. Ils sont partis plus loin que leurs voisins, reviennent avec la peau hâlée et poussent leur chariot avec lenteur - jamais on ne les verrait pousser leur caddie dans le supermarché du coin, avec une telle posture... - Ceux qui poussent un chariot où les valises sont remplacées par un seau de couleur et quelques brosses. Ils travaillent en se faufilant discrètement entre les bagages... Ils franchissent la douane quinze fois par jour, mais ne partent jamais. Personne ne les attend et le brillant des cattelles leur fait oublier que dehors c'est un jour de printemps.
L'agitation est telle que je n'ai plus le temps de tout observer et d'imaginer pour chacun d'eux qui ils sont venus chercher et comment la scène va se jouer. L'arrivée, l'attente, les retrouvailles... C'est à présent mon tour ! Scène connue, jamais pareille. Je quitte l'aéroport et me réjouis de retrouvailles plus sereines : sur un débarcadère ?

1 commentaire:

Unknown a dit…

"Mon attente, en ce lundi de Pâques, se transforme en réel spectacle. "
La vie de tous les jours (le bus, la rue, la gare, etc.) peut parfois nous offrir pareil spectacle, mais nul lieu ne saurait égaler l'aéroport, peut-être de par la "diversité" que l'on y trouve. Enfin, me semble-t-il...
En tous les cas j'aime beaucoup votre regard, la façon dont vous décrivez ces instants. On croirait y être.