jeudi, 25 février 2010

Constellation du silence

Petit extrait, joyau de lecture matinale :

Les romanciers ont beaucoup à apprendre des poètes, ces sourciers de l'inouï*, ces multiplicateurs de sens. Mais ils ne peuvent pas les imiter, ils n'arpentent pas les mêmes espaces de la langue, ne vont pas à la même allure. Si dense et elliptique soit le style du romancier, il ne peut pas rivaliser avec l'art fondamentalement lapidaire, de la poésie. et le mot lapidaire est ici à entendre dans ses deux significations : le poète taille et polit les noms, les verbes, comme autant de pierres, d'éclats de roche, de galets, de silex, il les frappe les uns contre les autres pour les faire résonner, brasiller, il les aiguise, les casse, les encastre ou les disperse, et toujours les dispose d'un geste précis, vigoureux, dans le blanc de la page. Il en constelle le silence.**



Dans ce silence savoureux, la journée peut commencer !

* C'est moi qui souligne
** p. 46 de l'éd. Folio 5026
Les personnages de Sylvie Germain amoureuse des mots... Le recueil se laisse dévorer.

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