lundi, 22 février 2010

Philoctète au Théâtre de Carouge


cop. Marc Vanappelghem

Philoctète dort. Le sommeil l'emporte, comme la douleur. Néoptolème, fils d'Achille, est le messager d'Ulysse auprès de Philoctète... afin de récupérer l'arc, l'archer et les flèches invincibles données par Héraclès avant de prendre la mer pour Troie...

Philoctète que le spectateur guette, attend impatiemment, une fois l'enjeu décrit. Quand donc sortira-t-il de sa grotte ? Quand donc Terzieff apparaîtra-t-il devant la salle qui s'est déplacée pour lui ?

Soit, j'avais moi-même mon billet depuis début septembre dans cette attente-là... Loin d'être déçue, ce n'est pas cette seule attente qui est comblée (la voix du comédien, ses changements de tons rusés, sa grandeur, sa générosité), mais tout le spectacle, à commencer par ceux qui affrontent Philoctète : David Mambouch, sensible Néoptolème ou Johan Leysen, l'Ulysse rusé aux cheveux blancs...

On se laisse emporter par la langue magnifique de Jean-Pierre Siméon :

Oh étrangers

qui êtes-vous que faites-vous là ?

fous mille fois ou très égarés

pour imaginer aborder cette île

plus morte qu’une charogne de trente jours

d’où venez-vous dites de quel exil ?

parlez ne fuyez pas approchez suis-je vraiment si monstrueux ?

Allons pitié c’est un sort monstrueux qui m’a fait monstrueux

je suis seul faible sans rien et j’ai faim

qui que vous soyez parlez parlez-moi

que j’entende enfin une langue humaine*

Et, la mise en en scène de Christian Schiarreti parachève le sentiment heureux d'être là... sur l'île hostile de Lemnos, sur laquelle on hésite à s'aventurer, et qui laissent les comédiens sur le devant de la scène, tout proches du public.

Grand moment de théâtre pour cette saison 2009-2010... Et pour ceux qui le manqueront, quelques images, juste pour l'envie...




*Editions. Les Solitaires intempestifs

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