lundi, 7 avril 2008

Festen (2)



Pas de bâtonnier au Poche pour donner les "trois coups", mais l'accueil chaleureux de Christian Denisard, metteur en scène. Instructions, prénoms et emplacements : j'écoute d'une oreille distraite. Les coulisses d'un théâtre que l'on fréquente depuis bientôt trente ans prennent vite des allures de Caverne d'Ali Baba pour la mémoire ! C'est donc là que les comédiens se préparent, se concentrent, attendent leur tout d'entrer en scène... Je stoppe le flot de souvenirs pour me concentrer. Je serai Kirsten, mariée à Preben le temps d'un soir. Je serai assise à droite d'Helmut, le maître de cérémonie... Pour l'heure, ce n'est pas encore Helmut mais bien Pascal Schopfer. Nerveux. Stressé. Impatient d'entrer sur scène sur laquelle se déroule déjà les premiers échanges. Regards de complicité avec "Marie" : nous sommes prêtes !
Ensuite, tout va (très ? trop ?) vite. L'escalier dans le noir, où seules les voix nous parviennent. Celle de Cassagne facilement reconnaissable. L'arrivée. L'attente. Puis enfin assis à table. Plus rien ne transparaît de la nervosité d'"Helmut". Je suis la conversation qu'il engage avec Michaël. On me sert du vin. Je me surprends à vider mon verre à la première intervention de Christian. - Besoin d'atténuer la réalité qui se joue devant moi par l'alcool ? - Mais sur scène, le vin n'oeuvre pas ! Je reste donc lucide pour chacune des révélations. Sans doute que l'émotion atteint son comble lorsque l'enfant entame sa chanson. L'innocence mêlée au pire, celui qui vient d'être révélé aux invités. Mal à l'aise et émue. Très émue. Et mon verre est vide !
Reste le souvenir de l'éclat de la nappe blanche, qui sera maculée de rouge, l'oubli complet du noir tout autour (les spectateurs) et plus que jamais le talent des comédiens.
J'ai assisté de près, de très près, à leur métamorphose : la colère et le souffle court et rageux de Michaël, les larmes d'Hélène, puis celles de Christian. Les voix qui se brisent dans mon oreille, puis les cris...
Ces moments resteront uniques pour moi. Et pour toute la troupe. Sans doute est-ce là la magie d'une représentation. Le vivant, le sans-cesse recommencer, l'éphémère entre les mots (j'aime aller voir plusieurs fois une même pièce... variations dans le rythme, espaces différents...). Unique. Et je rajoute ici ce que j'ai lu dans les coulisses l'autre soir, petit billet accroché sous l'horloge qui indiquait 8h30 : "Tout devient possible"... A chaque représentation !
Bravo à eux !!!

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