lundi, 13 octobre 2008

Voix off

Voix off, celle d'un acteur. Voix de Denis Podalydès.



Au fil du livre, le noir et blanc de la page se dédoublent dans le grain des voix. L'audition fait suite à la lecture.
Troublant.

Et, dans les voix élues, celle de Charles Denner !
Je ne résiste pas à vous faire partager l'écriture sincère de l'auteur.

"Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le monde en tous sens et lui confèrent son équilibre et son harmonie* - est-ce bien cela ? - je creuse mes muqueuses, descends ma luette pour agripper l'accent fourchu, la mélodie gutturale.
Je revois le film. Voix plus intérieure et plus rauque que je ne pensais. Et sa douceur me surprend. Seul exemple de raucité douce, d'accent de gorge arrondi et caressant. Voix travaillée par le tabac, le théâtre, le sentiment tragique dont son regard témoigne. Au TNP, il joue de terribles félons. Sa voix convient aux canailles qu'il incarne comme autant de Mr Hyde, dont Vilar serait le Dr Jekyll.
Je comprends. Voici que m'apparaît ce qui, en Denner, me tient, m'arrête, me fait mâchonner mes propres mots en tous sens, insatisfait de ce que j'en dis, au bord de la sensation exacte, loin encore de l'émotion précise dont je cherche la traduction" [p. 76-77].


La voix donne corps à l'homme de théâtre - aux hommes de théâtre devrais-je dire... -, mais pas seulement.
"Fermer les yeux et écouter" : la voix se travaille, la voix nous trahit, la voix nous emmène au-delà des simples mots.
"Fermer les yeux et écouter"... Le livre de Voix off nous donne la possibilité de s'amuser à ce jeu-là. Les enregistrements offerts avec le livre sont captivants... Petite trêve dans le-monde- de-l'image-avant-tout !

* Monologue de Morane, écrivain tapant son manuscrit dans L'homme qui aimait les femmes...

Cliquer si vous ne vous souvenez pas de la voix de Charles Denner !

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