vendredi, 18 mai 2007

Bleu


Celui du ciel, nuance Klein. Profond mais serein.

Celui d’un projet à concrétiser très vite : à lire le texte ci-dessous l’évocation du lac, le goût de l’effort (et du risque) plonge le lecteur… dans les nuances et les mouvances de la Rade !

Bleu comme la collection de l’Aire, dont un joli petit volume de Ludwig Hohl : Tous les hommes presque toujours s’imaginent…et qui commence ainsi :

Efforts

Lorsqu’on traverse le lac à la nage, tout seul, le plus difficile, ou du moins le plus pénible, est de supporter la monotonie résultant du fait qu’il vous est strictement impossible, pendant longtemps, de mesurer votre avance, tant l’eau est partout pareille [à l’exception d’algues flottantes ou d’une bulle d’eau qui parfois vous dispensent un léger réconfort]. La rive d’en face ne semble pas se rapprocher, pas plus que ne s’agrandissent les autos, points minuscules, qui là-bas se déplacent ; sur la rive en revanche que vous avez quittée, les choses, passé les deux ou trois premiers cent mètres, restent obstinément immuables : une vague épaisse de collines avec des prés, des vignes, un château et d’imposants bocages. Le mieux, si l’on n’y était contraint pour se diriger, serait de ne plus se retourner et de s’abandonner tout entier à ses mouvements uniformes dans la ferme croyance qu’on avance malgré tout : état qu’on pourrait presque qualifier d’onirique. Jusqu’au moment où me retournant tout de même, et pas seulement sur mes points de repère, mais sur l’ensemble du rivage : Qui me salue ? Qui se dresse tout à coup dans sa hauteur et sa blancheur ? Dominant largement la première vague de collines et les reliefs qui la suivant ; invisible à proximité du rivage et longtemps encore après qu’on l’ait quitté : le Mont-Blanc. Qui depuis un moment déjà, m’observe paisiblement.



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