samedi, 9 juin 2007

Piotr, Ludwig et Nicolaï

Tout aurait pu me faire rater cette soirée. La chaleur qui nous éloigne des salles de spectacles : la lourdeur de la journée ne m'inspirait guère à retourner au centre ville pour m'engouffrer dans le Victoria-Hall à la réputation surchauffée les mois d'été. Puis, à l'affiche deux incontournables : Tchaïkovski et Beethoven qui n'ont jamais eu mes faveurs. Et ce soir, pour ces deux-là, les oeuvres peut-être les plus enregistrées du répertoire : 1er concerto pour piano en si bémol mineur pour l'un, la 5e symphonie pour l'autre...
Hier soir donc, sous l'impulsion de mon frère, nous voilà installés dans la salle de concert bien connue. Dès les premières mesures, j'ai su que nous assistions à une soirée intense qui restera dans les mémoires de tous ceux qui étaient là, nombreux, le concert se jouant à guichets fermés. Nicolaï Lugansky et ses doigts agiles, précis nous emmènent très loin, portant l'émotion sur toute l'étendue du clavier et faisant corps avec un orchestre en verve. Ce thème je le connais et pourtant je l'entend pour la première fois. Tiens, Tchaïkovski peut me procurer ce plaisir là ? ! Première belle surprise. Pendant l'entracte, mon frère et moi restons silencieux. Je sais que comme moi il pense à "elle", à notre mère qui nous a si souvent fait partager son enthousiasme à l'entracte, pour telle oeuvre ou tel soliste "chouchcou"...
En deuxième partie, la musique est toujours au rendez-vous et l'OSR renverse tous mes a-priori mené par le Maestro Marek Janowski. Les pupitres des vents s'en donnent à coeur joie... et la salle retient son souffle tout au long des mouvements qui s'enchaînent jusqu'à la dernière cadence.
La salle est euphorique - trop ? pourquoi certains se pressent-ils à applaudir ? Juste un instant de répit pour reprendre son souffle ou retenir une larme... - les spectateurs oublient la chaleur : les applaudissements sont scandés et n'en finissent plus. Chacun a oublié ses tracas, sa fatigue, ses projets du week-end qui commence, tout entier consacré à vivre au rythme de l'Andante con moto !

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