mercredi, 17 octobre 2007

Au-delà des livres



Hier soir, en montant dans la Vieille-Ville, j’étais un peu fébrile. Rencontrer un écrivain qui nous a saisi d’émotions n’est pas anodin. Envie de me laisser surprendre, mais aussi peur d’être déçue. Et si les affinités s’estompaient ? Et si l’homme ne « ressemblait » pas à la densité de ses romans ? J’ai joué le jeu et sans a priori positifs j’ai écouté. Et j’ai apprécié l’homme qui se cache derrière son clavier d’ordinateur (il a insisté : pas de plume ni stylo !).

L’homme est un roman. Rescapé d’une avalanches (pendant la rédaction aux Houches de La Chambre des officiers), de problèmes techniques avec une torpille lors d'une expédition dans un sous-marin de l’armée française (préparation de son dernier roman) ou encore échappant à un attentat dans son restaurant attitré à Casablanca… Sa vie n’est pas un long fleuve tranquille. Ses romans non plus. En quête de vérité, enquêtes pour mettre à jour les manipulations politiques, les manipulations journalistiques…
Faits réels mêlés à la fiction, le temps de l'écriture est bref, dit-il, une fois le travail d’investigations terminé… Peut-être est-ce cela qui transparaît à la lecture : la limpidité de la narration de faits précis à foison !

Marc Dugain écrit par nécessité. La reconnaissance du milieu littéraire (et plus encore celui du milieu parisien) il n’en a que faire. Sa seule fierté est de savoir que son premier roman figure au programme du baccalauréat dans les lycées français. Il ne se fait pas que des amis. Son feuilleton de l’été dans le Journal Le Monde
Les vitamines au soleil lui ont valu un courrier d’avertissement de la part des autorités marocaines : ses propos sur le terrorisme ont déplu...

Le fil rouge chez Marc Dugain-écrivain c'est la figure du grand-père. Côtoyant les « gueules cassées » des deux guerres pendant ses vacances lorsqu’il était en visite chez son grand-père, l’enfance de Marc Dugain est fortement marquée par les horreurs de la guerre. De ceux qui en réchappent et de ceux qui ont subi les mutilations les plus profondes . Depuis lors, il ne cesse d’essayer de comprendre pourquoi un conflit démarre et où cela mène !
Début des années nonante, il a envie d’écrire l’histoire de son grand-père pour sa grand-mère nonagénaire… et cette histoire fait basculer le destin de l'écrivain. Le livre sommeille plusieurs années dans un tiroir avant de connaître le succès que l’on sait.

Deux heures de conférence. L’homme, c’est sûr, est un homme de paroles. Sans notes, il tient l’auditoire en haleine. Reste qu’il réussit le bel exploit de susciter l’échange. Une auditrice m’interpelle alors que je traverse la cour. Il fait nuit mais la conversation s’engage. Sorte de réconfort mêlé d’admiration. Besoin d’évacuer l’émotion accumulée durant la soirée – on ne passe tous les jours du rire aux larmes lors d’ une conférence. Avec Marc Dugain, si !
Besoin impératif aussi de dire que ses propos font du bien. L’intégrité de l’écrivain, sa lutte permettent une teinte d’optimisme dans notre conversation. Il a raison : il croit à cette notion de « bonté » chez l’homme dans une société qui pourtant nous dépasse tous.

1 commentaire:

gecko a dit…

Beau compte-rendu... tu m'en diras plus...