mardi, 9 octobre 2007

Dans une semaine...



On imagine le silence, un temps de réflexion pour répondre à la question posée. Ce sera dans une semaine. Marc Dugain est l'un des nombreux invités de la Société de lecture de cette saison. Et j'y serais. En attendant, je ne connais ni la voix, ni les expressions de l'auteur, car je ne l'ai jamais vu dans une quelconque émission littéraire, même après La chambre des officiers film récompensé 18 fois. Le parcours de Marc Dugain écrivain commence à trente-cinq ans avec ce livre là. "Le" Adrien, - souvenez-vous l'interprétation i-nou-bli-a-ble d'Eric Caravaca dans le film de François Dupeyron -, c'est Eugène Fournier, son grand-père maternel. L'histoire racontée est d'une grande humanité : la reconstruction de l'être, de l'âme après les pires atrocités, les plus profondes mutilations (celles des "gueules cassées" de 14-18). Et, par le miracle de la solidarité, l'espoir renaît. Et les rires. Et la vie.
J'ai lu le livre après avoir vu le film, comme sans doute beaucoup de lecteurs. Et depuis, mon attachement est fidèle à cette écriture. Petit extrait de son dernier roman Une exécution ordinaire, qui se passe en Russie après la deuxième guerre (Gallimard, 2007) :

Ce matin-là de l'hiver 1952, comme presque chaque jour depuis la fin de la guerre, ma mère qui était urologue avait pris son service à l'hôpital de M. dans la lointaine banlieue moscovite. Elle faisait le tour des malades derrière le médecin chef et son aréopage d'assistants, lorsque, dans le couloir, un homme conduit vers elle par une surveillante a demandé à lui parler. Personne dans la petite troupe ne s'en est offusqué. Quand l'homme s'est approché, les autres se sont détournés. Il n'était pas rare à l'époque qu'on vienne arrêter quelqu'un sur son lieu de travail, même si la police secrète avait une préférence pour les enlèvements de nuit. Lui accorder un dernier regard, inspiré par la curiosité plus que par la compassion, était une façon dangereuse de se reconnaître un lien avec le prévenu.

L'homme venu appréhender ma mère était en tout point conforme à l'idée que l'on se fait d'un milicien. Il s'est présenté à voix basse pour n'être entendu que d'elle, puis il l'a priée de le suivre, sans politesse ni rudesse. Une limousine noire stationnait au pied de l'hôpital. Ma mère s'attendait à se voir encadrée par plusieurs hommes dans la voiture. Il n'en fut rien. Le chauffeur ne s'est même pas retourné quand elle est montée à l'arrière. Le milicien s'est installé à côté de lui et ils sont partis sans rien dire. Il faisait froid et gris, et le décor était aux couleurs du régime. Profitant d'un léger redoux, la neige vieillie sur les trottoirs et les bas-côtés avait fondu la veille, mais elle durcissait de nouveau, encore plus sombre.

1 commentaire:

gecko a dit…

j'aurai une petite pensée pour toi la semaine prochaine dans les murs chargés d'histoire(s)... de la SDL